L'Europe après le "non" Irlandais

Publié le par Philippe SCHNEIDER

Le NON des irlandais au référendum sur le traité européen a sonné haut et clair ! Il a claqué comme une gifle donnée aux dirigeants de ce pays et aux européistes de toutes les nations européennes. Et en premier lieu, à Monsieur Sarkozy, qui a été l’initiateur du traité simplifié et qui va devenir, pour six mois, président de l’Union Européenne.



E
n réalité, depuis le début, la construction européenne s’est effectuée en cachette. Selon la méthode Jean Monnet, il fallait se garder de mettre sur la place publique les décisions qui ont abouti, au cours des cinquante dernières années, a retirer petit à petit des portions de plus en plus grandes de la souveraineté des nations composant cet ensemble monstrueux ! Pour Jean Monnet et ses successeurs, pour réussir la construction européenne, il faut avancer masqué…En somme, la construction européenne est un sujet trop sérieux pour qu’on fasse intervenir le peuple. Les technocrates de Bruxelles sont démocrates dans les discours, mais dans la réalité, ils professent le plus profond mépris pour la masse des électeurs ! Alors, ceux-ci se vengent dès qu’on leur en donne la moindre occasion… En deux ans, les électeurs de trois nations ( la France, les Pays-Bas et l’Irlande) ont rejeté par référendum, chaque fois à une confortable majorité, le projet de Constitution européenne ou le Traité qui en tient lieu.

Les raisons d’une telle constitution

Pourquoi les gouvernements insistent–ils tellement pour l’adoption de ce traité ? Tout simplement parce qu’à force « d’élargir l’Europe », entendez par là, à force d’ augmenter le nombre de ses membres, l’Union est devenue ingérable. En effet, la Communauté Européenne, à six ou à quinze pays, fonctionnait sur la base du consensus, c’est à dire que les décisions se prenaient à l’unanimité. Par définition, cela prenait du temps pour l’obtenir et parfois le mécanisme se bloquait, surtout lorsque les technocrates de la commission de Bruxelles inventaient une nouvelle règle que personne n’avait demandée. Mais voilà que l’Union est passée à vingt cinq membres, et bientôt vingt sept et peut-être trente…Du coup, ce système ne peut plus marcher. Par exemple, jusqu’à présent, chaque Etat - Membre disposait d’un siège de la Commission de Bruxelles, c’est à dire qu’il désignait un « ministre » de l’Union. Jusqu’à quinze, cela allait très bien. Mais on ne peut pas avoir un gouvernement avec trente ministres ! Alors, la Constitution, pardon : le Traité, prévoit qu’un Etat pourra ne pas être représenté à la Commission. C’est l’une des nombreuses raisons qui portait à repousser ce texte, puisque la France, comme les autres Etats, notamment les grands pays, n’aurait même pas été présente dans l’exécutif Bruxellois. On arrivait bien à un « pouvoir supra - national », un super – Etat technocratique et apatride… Le « Meilleur des Mondes », en somme ! Tout ceci démontre amplement que le système européen est complètement coupé des réalités auxquelles les pays et leurs citoyens doivent faire face. Cela n’intéresse tout simplement pas les européistes, qui continuent imperturbablement à gérer les différents pays comme s’ils en étaient les maîtres et sans s’occuper le moins du monde de ce qu’en pensent les citoyens. Il suffit de voir leur réaction devant le NON irlandais. « On va bien arriver à leur faire changer d’avis, on va les faire revoter dans quelques mois, ces demeurés », voilà ce qu’ils pensent !

Le vent tourne……

Mais les choses sont en train de changer, les esprits commencent à évoluer dans ce domaine où, jusqu’à présent, l’idéologie européiste régnait en maître. Voici un exemple récent de cette évolution. Monsieur Alexis Brézet, dans un éditorial du Figaro Magazine , écrivait il y a quelques jours : « La vérité est que la gigantesque machinerie que l’on dit en panne et qui pourtant produit à la chaîne des directives, des résolutions, des jurisprudences, des normes et des sanctions, ne sait plus parler au cœur des Européens… Au nom d’un universalisme abstrait, l’Europe refuse de dresser la moindre barrière entre elle et le reste du monde ? Crispée sur un libéralisme doctrinaire qui laisse pantois les américains…, elle s’interdit de voler au secours de ses industries ? Les peuples, du coup, reviennent à la seule protection qui vaille : celle de la Nation. » Voilà qui est bien vu et qui pourrait être écrit dans Restauration Nationale. Précisons que Monsieur Alexis Brezet est le Directeur adjoint de la Rédaction du Figaro Magazine , donc un personnage très important du monde médiatique. C’est dire si, mine de rien, les esprits commencent à secouer la chape de plomb invisible, qui depuis cinquante ans, empêche les gens d’observer les faits et d’en tirer des conclusions.

L’Europe est à reconstruire

Au point où nous en sommes, il faut remettre les compteurs à zéro et tout reconstruire, mais en regardant la réalité et en tournant le dos aux visions doctrinaires. Il ne faut pas détruire les Nations, mais s’appuyer sur elles dans des entreprises pratiques de coopération. Par exemple, on peut penser que de telles initiatives sont possibles en matière de transports ou de l’énergie. Mais il faut commencer par démolir le cadre institutionnel - car c’est lui qui bloque tout - en remplaçant la Commission par un Secrétariat général chargé, non de prendre lui-même des décisions, mais seulement d’exécuter les décisions prises par le Conseil des chefs d’Etat. Naturellement, dès que ces décisions seront importantes, la règle de l’unanimité sera rétablie. Par ailleurs, la Cour de Justice sera supprimée, car un tribunal étranger ou supra - national ne peut en aucun cas contredire un jugement d’un tribunal français. Enfin, l’Europe doit être à géométrie variable. Si dans certains domaines, des solidarités historiques, des traditions anciennes ou des intérêts économiques existant entre quelques Etats permettent de faire certaines tâches qu’il est impossible d’organiser à six, à quinze ou à vingt-sept, pourquoi ne pas les faire en dehors du cadre européen ? Du fait de toutes ces mesures, les Etats - Membres bénéficieraient d’une bien plus grande souplesse… Ce ne sont que quelques exemples et la remise en ordre de la « Communauté », nom que je préfère de beaucoup à « l’Union », demandera beaucoup de travail et d’imagination…

Dix ans déjà

Le dernier numéro du journal Restauration Nationale vient de paraître. Il porte le numéro cinquante. Ce journal a vu le jour il y a exactement dix ans, en juin 1998. Que d’événements sont survenus en dix ans ! Pendant cette période déjà longue, nous avons toujours tenu bon, malgré les prévisions pessimistes de certains… Nous avons fidèlement suivi la ligne que le Comité directeur de la Restauration Nationale a fixée, à savoir : fournir une analyse sur les évènements survenant en France et dans le monde fondée sur la méthode de l’Action française, défendre toujours l’intérêt national et rappeler sans cesse que le retour de la monarchie est indispensable à la survie de notre pays. Sur ce, permettez - moi, chers amis internautes, de vous souhaiter de bonnes vacances, pour vous et votre famille.

Georges Rousseau

 

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