Intervention de Paul LUPORSI le 23 Janvier à NANCY

Publié le par Philippe SCHNEIDER

 

Chers amis,

 

Je ne sais si vous avez regardé le film « Ridicule » l’autre soir à la télévision. C’était, avec toute sa férocité  le siècle dit des lumières où l’on pouvait tuer avec un bon mot. De fait l’idéologie qu’il véhiculait n’aurait pu rester qu’un aimable passe-temps amusant ces salons  où une aristocratie frivole et décadente préparait lentement son suicide. Rousseau, Voltaire, Montesquieu et les autres auraient pu ne pas avoir de descendance. Mais voilà, quelques grands bourgeois, des robins sans causes, des aristos dévoyés se mettent en tête de faire de ces trublions les penseurs à la mode, comme aujourd’hui on fabrique un BHL, ou un Onfray. Ces coteries ont même la prétention au nom des droits de l’homme, du progrès et de la raison de s’emparer d’un pouvoir qui appartient au peuple disent-elles, chaque individu étant investi de la souveraineté. Oui, mais, il y avait alors un problème de taille : il était admis par tous, et cela était la seule véritable démocratie, que le pouvoir venait d’ailleurs, qu’il était transcendant. Le sociologue Jean Baudrillard écrivait dans son livre « Le Pacte de lucidité ou l’intelligence du Mal »  que je vais citer  en émettant des réserves sur le terme arbitraire qu’il utilise : « Jadis, le pouvoir était arbitraire, contrepartie du fait qu’il venait d’ailleurs, dévolu d’en haut, sans considération de qualités propres, prédestiné en quelque sorte.

Tel était le pouvoir royal. D’où la stupéfaction de Louis XVI lorsqu’on lui dit que les insurgés veulent le pouvoir. Comment peut-on vouloir le pouvoir ?

Il vous est donné, et on ne peut que l’exercer bon gré mal gré. Nul ne peut vous en débarrasser.

Le pouvoir est une obligation, il ne faut pas l’exiger, il faut y consentir »

 

Et nous savons combien le futur Louis XVI était angoissé par cette lourde charge qu’il devait assumer. La volonté de puissance des futurs acteurs de la révolution se heurtait à ce fait en quelque sorte miraculeux depuis le Sacre de Clovis. Il fallait donc que disparaisse cette transcendance en extirpant Dieu et en tuant le Roi. Et le 21 janvier 1793 tout est consommé.  La convention avait voté la mort, et permettez-moi de citer un autre écrivain que j’aime beaucoup Philippe Muray  décédé  en 2006, qui cite d’abord  Michelet justifiant la mort du roi par ce commentaire : »L’être bizarre, en effet, qui trône à la place d’un peuple, qui croit contenir un peuple, qui se croit un infini, qui s’imagine concentrer en soi la raison de tous, comment le classera-t-on ? Est-ce un fol ? un monstre ? un dieu ? A coup sur ce n’est pas un homme. » et Muray poursuit ainsi : » CQFD : il n’y a, en effet, aucune raison de ne pas déposer, puis guillotiner un tel étranger sur la terre, une pareille entorse à la reconnaissance égalitaire et mutuelle que veut l’humanité, un semblable extraterrestre. L’idéal philanthropique tournant sa moulinette broyeuse et guillotineuse ne laisse rien intact. » Fin de la citation.

 

On pourrait croire que tout est fini, pourtant, le pouvoir ne se laisse pas apprivoiser si facilement car tous devront tout assumer,  de transcendant le pouvoir devient immanent rendant soit disant les hommes maîtres de leur destin  et peut-on croire que le prétendu citoyen ait envie de se plier à cette obligation souveraine, comme le demande Baudrillard ? Déjà, lors du procès du Roi devant la Convention, Jean Paul Rabault Saint Etienne, représentant de l’Aube s’écrie : »Quant à moi, je suis las de ma portion de despotisme, je suis fatigué, harcelé, bourrelé de la tyrannie que j’exerce pour ma part et je soupire après ce moment où vous aurez créé un tribunal national qui me fasse perdre les formes et la contenance d’un tyran. »

Cet aveu  est lourd de toutes les tares de la république et de son avatar l’état moderne. Grosso modo que dit Rabault Saint Etienne ? Il est impossible à l’individu de regarder le pouvoir en face et d’en prendre l’exacte mesure, je dois m’en dessaisir au plus vite si je ne veux pas y bruler mes ailes. Je suis l’élu du peuple, mais je refuse la part maudite du pouvoir, la responsabilité somme toute. Et l’Etat moderne va ainsi naître qui va endosser cette part maudite en la diluant dans sa croissance quasiment cancéreuse et métastatique. L’ENA cette formidable entreprise de décérébration concrétise cette toute puissance depuis 1945, encore un héritage gaulliste, désormais on ne fait plus de politique, on gère, on fonctionne. Malheureusement, les français, perdus et orphelins depuis la mort du Roi, s’en remettent entièrement à l’Etat : la neige, c’est l’Etat ; les inondations, c’est l’état. L’Etat est devenu un monstre, un dieu, n’est-ce pas Michelet ? Finalement le contraire de la simple humanité d’un roi montant à l’échafaud. Les règlements s’ajoutant aux règlements l’Etat devient obèse, corrompu, pervers et pire ne répond plus à ce qu’on attend de lui. Il est incapable, par sa lourdeur, son incompétence, son irresponsabilité, sa corruption d’assumer les fonctions régaliennes : la sécurité intérieure, il n’y a jamais eu autant de zones de  non droit qui débordent maintenant en entrainant un sentiment de crainte, personne n’est plus à l’abri des exactions de quelques voyous parfois très jeunes et certains gauchistes pousse au crime ne sont-ils pas là pour prendre leur défense ? Quant à la sécurité extérieure, nous n’avons plus d’armée à part quelques hommes que l’on envoie combattre pour des causes qui ne sont pas nôtres et beaucoup trop en meurent, nos frontières  avec l’espace Schengen sont devenues une passoire par où s’infiltrent tous les désespérés du monde. Pour ce qui est de la justice, elle  s’engourdit dans la gangue de ses procédures, son impartialité est devenue  un leurre et ses dysfonctionnements patents, comme certaines affaires de pédophilie l’ont montré ; il suffit qu’un petit juge gauchiste et mal payé s’invente des bourgeois coupables pour que ceux-ci soient jetés en pâture aux médias et ceci sans trop émouvoir une hiérarchie irresponsable et cauteleuse. Enfin la monnaie que la république a livrée aux euro-mondialistes ne répond plus à sa fonction puisqu’elle est devenue virtuelle, comme le montre aisément l’existence des bulles spéculatives.

 

   J’ai prononcé un mot : régaliennes. En 200 ans de république, on n’a pas réussi à trouver un autre adjectif. Il n’y a, en effet, pas d’autre mot pour dire ce que doit être un pouvoir libre, indépendant des lobbies, protecteur des faibles : Régalien et si nous voulons dans notre pays contester radicalement la société politique d’aujourd’hui, il faut proclamer que le 21 janvier 1793 n’est pas la fin d’un monde, mais un ignoble assassinat, qui justifie notre combat pour rétablir la verticalité du pouvoir, sa transcendance au travers de l’héritier, le prince Jean, car enfin, nous seront débarrassés du politique et de ses corruptions, pour retrouver nos libertés et je voudrais encore citer Baudrillard : »Le grand danger pour l’existence même du politique, ce n’est pas que les hommes rivalisent pour prendre le pouvoir, c’est qu’ils n’en veuillent pas. » Et nous le proclamons : nous n’en voulons pas !

 

Je pense que là se trouve la vraie contestation et non pas chez ces petits vieux de 16 ans qui défendaient leur retraite il y a peu dans nos rues. A nous de les convaincre.  

Publié dans Mouvement

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