Editorial de Philippe SCHNEIDER

Publié le par Philippe SCHNEIDER

Le monde bouge, en Afrique, dans le monde arabe, …. Ainsi le Sud Soudan a pris son indépendance après plus de 50 ans de guerre. La Côte d’Ivoire a deux Présidents et la situation est très instable. En Tunisie et en Egypte deux présidents « socialistes » (tous deux membres de l’internationale socialiste avec leurs partis), quelque peu dictateurs sont tombés à la suite de manifestations, officiellement. Des mouvements ont lieu dans cette autre dictature socialiste qu’est l’Algérie, sans compter la « révolutionnaire » Lybie….

 

Tous des événements bien différents même si l’on peut y voir quelques influences communes. Nous pouvons d’abord nous réjouir de l’indépendance enfin accordée au Sud Soudan noir et chrétien qui s’est défendu courageusement face à un Soudan en majorité arabe et musulman. Ce n’est cependant qu’un début car les frontières sont mal définies et le pays manque cruellement de cadres, ce qui en fait une proie facile pour les prédateurs étrangers, Etats ou multinationales.

 

En Côte d’Ivoire, malheureux pays depuis la disparition du grand Président Houphouël-Boigny qui n’en finit pas de sombrer. Des élections présidentielles ont eu lieu, elles furent marqués par les divisions ehniques et religieuses. « L’apparatchick » Ouattara, musulman du nord, marié par Sarkozy à une milliardaire (jugée déjà par Foccard « dangereuse »), ancien haut fonctionnaire du F.M.I. a été déclaré vainqueur par l’ONU, le FMI, Obama et Sarkozy avec 54% des voix malgré un « dérapage » certain dans le Nord où il obtient des scores faramineux et même dans plusieurs bureaux de vote plus de 100 % des voix ( !). Il est vrai que les milices musulmanes des « forces nouvelles » savent imposer leur point de vue… Devant ces irrégularités (mais il y en a certainement aussi dans le sud…), le conseil constitutionnel a déclaré Laurent Gbagbo élu. Nous avons donc deux présidents qui se font face plus ou moins pacifiquement pour l’instant. Les deux ont des forces armées mais Ouatarra a l’avantage d’avoir l’appui des puissances financières publiques ou privées qui tentent d’asphyxier financièrement Gbagbo, c’est sa grande chance. De son côté, Gbabo a l’appui de la majorité du sud, la partie riche de Côte d’Ivoire, il semble avoir gagné en popularité depuis les élections par son côté « nationaliste défendant les Ivoiriens contre le candidat de l’étranger ». De plus, il a de plus en plus d’appuis à l’étranger comme l’Angola officiellement mais plus discrètement d e l’Afrique du Sud, le Tchad, le Mali, la Gambie….. la Chine, l’Inde et la Russie. Le temps joue pour le deuxième, mais réussira-t-il à tenir financièrement assez longtemps avant que l’aide arrive… Au vrai, à terme mais le plus tôt serait le mieux, la partition du pays en deux serait la seule solution viable comme le fait remarquer ce grand africaniste français qu’est Bernard Lugan. Ce qui est sûr, c’est que le grand perdant dans l’affaire, c’est la France à cause de la politique stupide de son chef visiblement ignorant des réalités locales, envoyant des « ultimatums » sans avoir les moyens et la volonté de les faire suivre d’effets, en parlant à tort et à travers…

 

En Tunisie et en Egypte on trouve deux Présidents âgés, usés par le pouvoir, coupés des réalités et qui n’ont pas su prévoir leur succession. Quelques manifestations spectaculaires et surtout bien relayées par les médias mais ne réunissant finalement que 5 à 10 % de la population ont eu raison des pouvoirs, c’est du moins la présentation qui en est faite (1). Dans la réalité, dans les deux cas, nous voyons que l’armée a joué un rôle primordial : elle tente de reprendre la main – encouragée par les Américains – et éviter ainsi une dérive révolutionnaire qui ne peut entraîner que ruines, guerre civile suivie de dictature ou…. dictature islamiste. La comparaison s’arrête là car en Tunisie, il y a une armée très faible qui aura du mal à maintenir seule l’ordre ce qui n’est pas le cas en Egypte où l’armée est puissante et a une « tradition » d’intervention dans la vie politique. Le plus grand danger serait évidemment pour nous que les islamistes (seule force civile organisée) prennent le pouvoir, sachant qu’ils veulent nous faire la guerre à nous aussi.

 

Il est maintenant trop tôt pour savoir si « l’exemple » sera suivi dans d’autres pays…

 

Ce qui est certain, c’est que de nombreux groupes de pression sont intervenus dans ces affaires. Que l’on songe simplement à ces curieuses « révélations » du site « wikipédia » visant particulièrement la « corruption » des présidents tunisiens et égyptiens (mais qu’avons-nous à dire en France ?) et qui semblaient parfaitement coordonnées avec les interventions du Président Obama. Que cherche ce dernier qui semble particulièrement actif dans la déstabilisation de certains pays amis comme s’il cherchait à favoriser partout des islamistes style turcs que l’on dit « modérés », ce qui est totalement faux ? Ou travaille-t-il en accord avec des multinationales qui veulent « encadrer » ces pays ? L’Iran aussi se montre actif mais n’a que peu de chances de succès, du moins dans tous les pays sunnites. Par contre, il peut s’emparer du Bahrein à la faveur d’une « révolution », les chiïtes y sont nombreux. Bien entendu, d’autres interviennent aussi : Chine, Russie, Inde…. Sans compter les grandes entreprises et les groupes financiers.

 

La France est maintenant bien absente, son Président parle beaucoup en suivant scrupuleusement le Président américain certainement sans savoir même pourquoi. Mais il parle, notre Président, assénant des « vérités » stupides avec un mélange de slogans sur la démocratie, les droits de l’homme, la liberté… sans connexions avec la réalité. De toutes façons, il n’a plus les moyens de faire respecter la France – y pense-t-il seulement, lui, l’européen, le mondialiste ? – sans indépendance, ni puissance militaire qu’il veut encore réduire (et le peu qui reste est mis au service des Américains…)

 

I l est vrai que pour les partis « de gouvernement » mais aussi les autres, tout ceci n’a que peu d’importance (sauf si l’on peut reprocher du tourisme à certains pour les torpiller), ce qui compte ce sont les prochaines élections présidentielles : qui va se présenter ? Quelle « magouille » faire pour empêcher untel de se lancer, « casser » un autre, faire perdre des voix à un adversaire. Il n’y a que cela qui compte pour nos politiciens, peu importe le pays et son avenir. Quant aux Français, ce ne sont que des « électeurs » et non pas de vraies personnes vivantes… On en est là !

 

Sarkozy pense gagner des « électeurs » en se pavanant à la tête des « G8 » et « G20 » où il discourt beaucoup, sans plus, Strauss-Khan fait de même au FMI, Aubry tente de même sans succès semble-t-il à Dakar…. Et puis, le Président se souvient qu’il se dit de « droite », il tient donc à nouveau un discours sécuritaire, essayant de se montrer le défenseur des victimes… et, d’ailleurs, là aussi il parle beaucoup et comme toujours (cela semble être un de ses graves défauts) trop fort et trop vite sans réfléchir, ce qui fait qu’il en arrive à se « mettre à dos » toujours plus de monde et souvent avec raison.

 

Dans notre pays, le Président a de moins en moins de pouvoir, comme le Parlement d’ailleurs : tout se décide au sein de l’Union européenne. La seule chose qui lui reste est justement de parler pou faire croire qu’il existe et se faire réélire car la place est bonne… !

 

Pour retrouver une vraie politique française, il faut avant tout retrouver notre indépendance politique, ce qui nécessite aussi un indépendance économique et financière, ce qui ne veut absolument pas dire isolement mais au contraire peut permettre une vraie collaboration fructueuse avec d’autres Nations mais dans un cadre plus ordonné, sans subordination. Et pour retrouver notre indépendance, il faut évidemment avoir un pouvoir lui-même indépendant en France, véritable arbitre, libéré des groupes de pression idéologiques, économiques, financiers ou politiques. C’est le pouvoir royal.

 

(1)Il est fort probable que si Moubarak, et même Ben Ali, avait dissout le Parlement et organisé des élections réellement libres, ils les auraient largement gagnés

Publié dans Le Journal

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