HARANGUE DE JEAN-MARIE CUNY
Mes amis, c’est l’hiver ! Les médias en ont abondamment parlé, mais je voudrais en rajouter une couche…
Sous notre climat, nous le savons, il fait chaud en été et il fait froid en hiver. Pour nous, il n’y a rien de plus normal !...
Il y a eu beaucoup de neige durant le temps de Noël, et cela a été annoncé, commenté et dénoncé en boucle par les médias comme un événement exceptionnel, voire une catastrophe nationale…
Nos contemporains ont de plus en plus de mal à supporter les aléas climatiques, cela d’autant plus que l’on insiste depuis des mois à nous faire admettre le réchauffement très inquiétant de la planète.
Les informateurs actuels prennent des airs désemparés pour nous annoncer des « risques » de neige ou « risques » de verglas. Cela était pourtant naturel lors des hivers d’antan.
Comment nos ancêtres ont-ils tenu le coup dans des conditions de vie très éloignées du confort que nous connaissons ? Nos anciens, jusqu’à une époque récente, étaient autrement plus résistants et ne comptaient pas sur les aides de « l’Etat-Providence » pour faire face à la dureté des temps.
Bref, nous sommes ici malgré le froid, pour évoquer un événement important pour l’histoire de la Lorraine, l’histoire de France et celle de l’Europe.
Il faut pourtant constater que, malgré son importance, la date du 5 janvier 1477 n’est pas du tout reconnue, ni célébrée officiellement.
Autrefois, la victoire du jeune duc René II sur le Téméraire a été joyeusement fêtée annuellement durant des siècles. La date hivernale, avec, comme disent les médias « risques » de neige et « risques » de verglas, n’est donc pas retenue de façon favorable. Bien sûr, c’est plus facile de célébrer le 14 juillet… C’est pourtant beaucoup moins glorieux !
Concernant la mémorable bataille de Nancy de 1477, les récits Allemands, Alsaciens, Suisses et Lorrains sont nombreux. On sait donc parfaitement que le Téméraire voulait annexer de force la Lorraine à son puissant Etat Bourguignon. Malgré l’hiver, Charles de Bourgogne avait décidé d’occuper les places fortes du duché de Lorraine. Parmi celles-ci, Nancy, capitale ducale, résistait, souffrait de la faim et du froid. Mais jeunes ou vieux, femmes ou enfants, résistaient vaillamment en attendant la délivrance promise par René II. Celui-ci était aller chercher des renforts chez les Helvétiques et il avait combattu avec eux à la bataille de Morat en 1476, contribuant à la victoire des Suisses qui, déjà, refusaient d’être envahis par l’étranger, même Bourguignon.
Aujourd’hui encore, les Suisses opposés à l’islamisation de leur pays ont, par referendum populaire, dressé l’interdiction d’implanter des minarets dans leur pays marqué de la croix blanche.
Ces jours-ci, le conseiller national suisse a demandé que l’on interdise le « drapeau européen » sur l’ensemble du territoire helvétique. L’Union européenne n’est pas souveraine en Suisse et ne peut donc pas revendiquer le droit de faire flotter ses couleurs sur leur pays indépendant.
Chez nous, nous aimerions voir flotter le drapeau lorrain plutôt que celui de l’Europe qui nous impose ses lois.
Mais revenons à la bataille de Nancy… Accompagné des armées suisses, René II était revenu sur ses terres de Lorraine pour combattre. Le 4 janvier, il campait à Saint Nicolas de Port. Les habitants de la cité portoise, heureux de l’arrivée de leur duc, ouvrirent leurs celliers et leurs caves pour célébrer l’événement.
Le lendemain, après la grand ‘messe et la soupe matinale, l’armée se mit en branle à 8 heures le matin. Le temps était froid ; la neige était tombée les jours précédents et s’attachait aux pieds en fondant à moitié. Bref, l’armée avançait dans la gadoue. Une neige fine tomba dans la matinée jusqu’en début d’après-midi, puis un beau soleil d’hiver apparut. La Chronique Lorraine de l’époque nous dit : « Comme Dieu le veult, le bel temps, bel et clair, vint subitement et toute l’armée en fut réjouie ».
Il faisait quand même froid depuis plusieurs jours. Une autre chronique nous dit que la Meurthe était gelée. Lors des combats, des Bourguignons en fuite essayèrent de passer la rivière sur la glace ; mais elle se rompit et les fuyards périrent dans l’eau glacée. Le chroniqueur allemand précise que beaucoup de Bourguignons furent jetés dans la rivière perdant à jamais le goût du bon vin ! On en entendit d’autres qui exhalèrent leur âme, ne devant plus se réveiller pour chanter matines…
Le Téméraire lui aussi était mort au combat. On devait retrouver son corps dans les glaces de l’étang Saint-Jean.
La nuit suivant la bataille fut glaciale ; mais tôt le matin du 6 janvier, fête de l’Epiphanie, Nancy était en joie. Après avoir enduré la famine, ayant de nouveau des provisions, les habitants faisaient bombance et dansaient autour des feux allumés. On vidait des coupes de vin avec entrain en criant selon la coutume : « Le Roi boit ! La Reine boit ! »….
Comme eux, mes amis, dans le froid, quand même supportable, soyons ici réjouis. Gardons le souvenir de nos grands moments de l’histoire, fussent-ils en hiver et buvons le vin chaud !
Vive la Lorraine !
On aura tout vu !
En « surfant » sur internet, glanant des informations sur la fête nationale des Lorrains que nous venons de fêter, je suis tombé sur un article concernant la Bataille de Nancy…sur le blog des Jeunes communistes de Nancy (http://jc54.over-blog.org). Un bon bloc central relate avec justesse les événements historiques. On s’accordera cependant la permission de douter de l’authenticité de ces lignes en remarquant la grammaire pitoyable des ajouts politiques de « récupération communiste » de la fête des Lorrains (« C’est d’ailleurs en ce lieu [Place de la Croix de Bourgogne] que quelques soi-disant nostalgiques célèbrent ce haut fait » …On vous a dit qu’ils étaient forts ces cocos).
La conclusion prête également à sourire : le Parti Communiste dit Français, internationaliste, anticlérical et héritier de l’URSS, lui-même destructeur des cultures slaves, qui appelle à la commémoration de la Bataille de Nancy, fête du pieux et fidèle peuple Lorrain… On aura vraiment tout vu !
V.R.